Un thème qui s’impose, vous disais-je… et voilà que le mois de mars le confirme. Cette fois, il n’est plus question de monologues ou de récits intimes mais, au contraire, d’histoires foisonnantes et quasi universelles, qui englobent des siècles d’histoire ou des civilisations millénaires. Le mois n’est pas terminé, me direz-vous. Et d’ailleurs, mon petit doigt me dit que, avec les vacances qui se profilent, j’aurai encore un petit lot d’histoires peuplées de monstres dans des lacs et de châteaux hantés à mémoriser !
Pour assurer la transition d’un thème à l’autre, je suis allée redécouvrir des histoires racontées dans l’intimité, mais universellement connus : ceux des Mille et une nuits, à l’Institut du monde arabe. L’exposition est aussi riche que ces contes rassemblés au fil des siècles et dont l’origine est parfois inconnue, même s’il est hélas prouvé, je me dois de vous le dire, qu’Aladdin et Ali Baba ont été inventés par un Français ! (eh oui ma bonne dame, on ne peut plus faire confiance à personne !). Les vieux manuscrits persans ou arabes laissent la place à des enluminures, des poteries, des extraits de films… Ces récits en ont inspiré plus d’un ! Mais qui du conte ou de la réalité a inspiré l’autre, dans nos perceptions actuelles ? C’est un peu la question que cette exposition pose, mais sans donner de réponse claire. Je vous laisse trouver la vôtre, de réponse, d’ici au 28 avril !
Loin des mille et une nuits dans le temps, mais proche dans sa construction et son lieu, la pièce Le porteur d’histoire, que j’avais loupée au Théâtre 13, se joue au Studio des Champs-Elysées jusque fin juin. Ne faites pas la même erreur que moi pour le premier tour : ne la laissez pas passer ! La salle est petite et encombrée, les sièges grincent et font mal au dos, mais le rythme de l’histoire (ou plutôt des histoires) et le jeu des acteurs vous tiendront suffisamment en haleine pour l’oublier. J’ai rarement été aussi captivée par une pièce. Les cinq acteurs jouent des dizaines de personnages, célèbres ou inconnus, la grande Histoire côtoie de petites, la réalité se mêle à la fiction : en sortant, on ne sait plus si on vient d’assister à une leçon d’histoire (et quelle histoire d’ailleurs ? celle de la littérature française ? celle de la politique coloniale française ? celle d’une famille ?) ou « seulement » à une belle histoire pour grands enfants. Et peu importe à vrai dire. L’important, c’est qu’elle reste à l’esprit plusieurs soirs d’affilée… et qu’on attende encore la suite quelques semaines plus tard !
Dans un autre genre, mais tout aussi poétique, le théâtre des Abbesses (tiens, ça faisait longtemps !) redonnait la pièce présentée l’an dernier dans le cadre de Chantiers d’Europe (et que je n’avais pas vue alors), The animals and children took the streets, d’une compagnie britannique qui mêle animation projetée sur écran et acteurs vivants, le tout dans une ambiance digne d’une comédie musicale d’Edward Burton. La pièce est en anglais surtitré, mais je pense qu’une version muette serait tout aussi compréhensible, tellement le jeu des acteurs est expressif. Décidément, alors que j’avais des goûts plutôt classiques en matière de théâtre, je vais finir par aimer le mélange des genres !